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044 Henri Pourrat Le Trésor des contes |
| LE CONTE DE L’HOMME QUI FIT SI BELLE DÉPENSE (1) |
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| Il y avait une fois dans un village un homme qui
avait besoin d’un pot, pour fondre de la graisse (2). Il pouvait aller l'acheter à la ville. Mais il préféra de prendre le pot chez son voisin. Par malheur, le chat voulut manger la graisse, l’homme voulut chasser le chat, le chat cassa le pot et il arriva ce que vous imaginez (3). Mais, par chance (4), le pot se partagea en deux. L’homme rapprocha ces morceaux et rapporta le pot à son voisin. Il le posa sur la table, sans dire mot. Seulement le voisin vit tout. Qui casse les pots les paie(5). Mais l’homme ne voulait pas payer. Le voisin l’attaqua en justice (6). |
| -------------- 1 qui fit si belle dépense — êîòîðûé òàê ìíîãî ïîòðàòèë 2 pour fondre de la graisse — ÷òîáû ðàñòîïèòü ñàëî 3 et il arriva ce que vous imaginez — è ÷òî ñëó÷èëîñü, ìîæíî ëåãêî ñåáå ïðåäñòàâèòü 4 par chance — ê ñ÷àñòüþ 6 Qui casse les pots les paie. — Êòî áüåò ãîðøêè, òîò è ïëàòèò. e Le voisin l'attaqua en justice. — Ñîñåä âûçâàë åãî â ñóä |
| Cette fois il faut aller en ville et prendre
consultation d’un avocat. L’homme explique à l’avocat l’affaire en détail. — Et pas de témoins quand vous avez pris et rendu? — Non, monsieur, pas de témoins. — Vous avez trois façons de vous défendre. Vous pouvez dire que le pot était déjà cassé quand vous l’avez pris. Vous pouvez dire que quand vous l’avez rendu, il n’était pas cassé. Enfin vous pouvez dire, que vous n’avez jamais pris de pot à ce voisin. — Bon, monsieur, et merci, monsieur, j’ai tout compris. — C’est un écu (1). Payer le pot c’est moins cher. Mais tout content de voir si belle sa défense (2), il donne l’écu. Il rentre en son village et attend. Au jour de l’audience, on l’appelle. Il se lève tranquillement et dit: — Monsieur le juge, pour ma défense, voici ce que j’ai à dire. — Je vous écoute. — Premièrement, quand j’ai pris chez mon voisin le pot, il était déjà cassé. Deuxièmement: c’est que, quand moi, je l’ai rendu, ce pot était en bon état (3). Troisièmement, et pour finir: c’est que je n’ai jamais, jamais, pris le pot au voisin. Il revint le soir au village. Et de ce jour jusqu’à sa mort, il accusa les avocats et les juges d’injustice. |
| -------------- 1 C’est un écu. — Ýòî ñòîèò ýêþ. 2 tout content de voir si belle sa défense—äîâîëüíûé òåì, ÷òî ñóìååò õîðîøî çàùèòèòüñÿ 3 ce pot était en bon état — ãîðøîê áûë öåë |
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