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Langues et cité, n° 2 : les pratiques langagières des jeunes

Bulletin de l’observatoire des pratiques linguistiques

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Actualités
Codification des langues de France.
Dominique CAUBET, Salem CHAKER,
Jean SIBILLE Actes du colloque
Les langues de France et leur codification :
écrits ouverts, écrits divers
(Inalco, 29-31 mai 2000). L’Harmattan,
Paris, 2002, 460 pp.

À un moment où les langues régionales
ou minoritaires tendent à s’instituer en
nouvel objet de réflexion (et parfois de
polémique) dans la société française –
notamment après les débats ayant eu
lieu en 1998 et 1999 autour de la Charte
européenne des langues régionales
ou minoritaires – il a paru opportun,
et urgent, aux organisateurs de ce
colloque, de confronter les expériences
et les dynamiques de codification de
l’écrit des différentes langues de France,
d’établir un état des lieux, de dégager
des convergences, de créer une occasion
d’échanges et, si possible, une base
de collaboration entre les acteurs
de l’aménagement de ces langues.
On sait que ces langues connaissent
des situations fort différentes : langues
de tradition écrite ancienne et/ou bien
établie, langues à peine sorties
de l’oralité, langues connaissant
une concurrence entre plusieurs
graphies, voire plusieurs alphabets…
Les auteurs se sont intéressés tant aux
expériences historiques qu’aux débats
actuels, tant aux aspects techniques
qu’aux aspects sociolinguistiques
et glottopolitiques des choix graphiques.
Les implications pédagogiques n’ont pas
non plus été oubliées.
La trentaine de contributions réunies
couvre la plus grande partie de la palette
des langues de France :
– langues historiques de France
métropolitaine ;
– langues des DOM-TOM ;
– langues d’origine étrangère (berbère,
arabe maghrébin, romani, arménien
occidental).
Quelques exemples de codification
extérieurs au contexte français
apportent également un éclairage
comparatif tout à fait intéressant.
De toutes ces contributions, il ressort
clairement que la question de la
codification graphique ne peut pas être
dissociée du contexte politique et
surtout, du statut des langues
considérées. La codification graphique
n’est pas un objet en soi : elle n’a de
sens que dans la perspective d’un usage
social élargi et d’un enseignement.
Les langues de France, sous la
direction de Bernard CERQUIGLINI,
textes rassemblés par Michel ALESSIO et
Jean SIBILLE.
PUF, Paris, 2003, 446 p.

Pour beaucoup, la coïncidence entre
un territoire national et le domaine
géographique « naturel » d’une langue,
est une évidence. Cette identification
de la langue à la nation est
particulièrement nette en France.
La plupart des pays du monde sont
pourtant plurilingues, et la France ne fait
pas exception.
Si le français « langue de la République »
est le bien de tous, parlé par tous, il n’en
demeure pas moins que la France est
un des pays d’Europe qui présentent
la plus grande diversité linguistique.
La présenter comme monolingue
et culturellement homogène serait
méconnaître sa réalité historique,
ethnologique, sociale.
Quelles sont ces langues de France
dont l’existence et la spécificité
sont reconnues par les spécialistes, mais
dont le destin a été compromis par
les contingences historiques, l’ignorance,
voire les préjugés ? Peu décrite,
la diversité linguistique a longtemps été
passée sous silence. Le patrimoine
immatériel que constituent les langues
de France doit être connu de nos concitoyens,
c’est un élément du patrimoine
de l’humanité.
Cet ouvrage entend satisfaire
à l’exigence du savant comme
à la curiosité de l’honnête homme.
On y trouvera une présentation détaillée
des langues de France qui
accompagnent le français de la Nation :
description, regard sur leur histoire,
situation géographique et politique,
usages sociaux, productions littéraires…
« La Charte européenne des langues
régionales ou minoritaires et la
France », Actes du colloque organisé
par le Conseil de l’Europe et l’Université
Robert Schuman, Strasbourg, 11 et 12
avril 2002 (à paraître prochainement).
La progression des ratifications
de la Charte européenne des langues
régionales ou minoritaires par les États
membres du Conseil de l’Europe,
accentue le débat au sujet des pays
qui n’y ont pas encore adhéré.
La décision du Conseil constitutionnel
du 15 juin 1999, qui a interrompu
le processus de ratification de la Charte
engagé par la France, a ouvert le débat
sur des questions fondamentales : est-il
nécessaire de protéger les langues
régionales en France ? La promotion
des langues régionales risque-t-elle
réellement d’encourager
les particularismes et de mettre à mal
la cohésion de la communauté
nationale ? Des mesures positives de
protection des langues régionales ou
minoritaires sont-elles susceptibles de
constituer une véritable menace pour
la langue officielle d’un pays ?
La ratification de la Charte contribue-telle
à renforcer l’oeuvre de protection,
ou celle-ci peut-elle être menée tout
aussi bien par des mesures nationales
s’inspirant, au moins en principe,
des dispositions de la Charte ? Comment
la position de la France au sujet
de la Charte doit-elle être comprise
à la lumière de la progression
des ratifications, y compris par plusieurs
pays membres de l’Union européenne ?
Voici quelques-unes des questions
cruciales que le colloque a tenté
de contribuer à éclaircir.
A. BULTRINI
Fr a n ç a i s , p i c a r d immi g r a t i o n .
Un e e n q u ê t e é p i l i n g u i s t i q u e .
L’ i n t é g r a t i o n l i n g u i s t i q u e
d e mi g r a n t s d e d i f f é r e n t e s o r i g i n e s
e n d oma i n e p i c a r d .
Jean-Michel Eloy, Denis BLOT, Marie
CARCASSONNE, Jacques LANDRECIES.
L’Harmattan, Paris, 2003.
En coédition avec le Centre d’études
picardes de l’Université de Picardie Jules
Verne.
Cette enquête a été réalisée en réponse
à l’appel à proposition 2000
de l’Observatoire des pratiques
linguistiques. Elle permet de proposer
des connaissances nouvelles, de
rappeler une somme d’expériences
et d’histoires de vie, et de proposer
aux acteurs et responsables culturels
des pistes de réflexion et d’actions
socialement utiles. Elle contribue,
enfin, à une meilleure connaissance
et à une meilleure compréhension
de la réalité humaine et linguistique
qui nous entoure.
 
L ’ O b s e r v a t o i r e
d e s p r a t i q u e s
l i n g u i s t i q u e s :
Installé à la délégation générale
à la langue française et aux langues
de France (ministère de la culture
et de la communication) et doté
d’un conseil scientifique,
l’observatoire a pour mission de
recenser et de rendre disponibles
les savoirs relatifs à la situation
linguistique en France.
C’est un comité d’experts, qui
ne fait pas de recherches lui-même,
mais lance des appels d’offres
thématiques et subventionne
les travaux de laboratoires
universitaires et autres unités
de recherche. Le champ de
l’observation est celui de
la sociolinguistique et concerne
les pratiques actuelles, qu’il s’agisse
du français ou des autres langues
parlées sur le territoire national.
Les données rassemblées proviennent
d’enquêtes de terrain, et rendent
compte des expériences langagières
réelles des individus et des groupes.
Elles portent aussi bien sur
l’hétérogénéité des usages (variations
géographiques ou sociales), que sur
les questions de contact de langues,
de transmission ou d’acquisition,
sur les modalités du plurilinguisme
comme sur les évolutions en cours
(féminisation, déplacement des
normes, effets des supports de l’écrit
sur la langue…)
Le rôle de l’observatoire est aussi
de favoriser la collaboration
et l’organisation en réseau des équipes
et centres de recherche qui travaillent
sur les pratiques linguistiques
sur l’ensemble du territoire
et dans les pays francophones.
Les résultats des recherches
et l’ensemble des données recueillies
sont intégrés dans une banque de
données gérée et actualisée
par la DGLFLF.
 
Les pratiques langagières des jeunes