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040 Langues et cité, n° 2 : les pratiques langagières des jeunes Bulletin de l’observatoire des pratiques linguistiques |
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Les pratiques langagières des jeunes Les comportements el les pratiques des jeunes sont plus que jamais un sujet de société auquel, des médias aux politiques, on prête une attention soutenue. Les pratiques langagières des jeunes, souvent présentées de façon caricaturale, sont perçues comme une menace pour la langue nationale. Or, les informations de nature scientifique sur les usages réels des jeunes locuteurs sont toujours limitées et sortent difficilement du cercle restreint des professionnels des sciences du langage. Il ne faut donc pas s'étonner de la banalité et de l'indigence îles clichés véhiculés, qui contribuent à la construction de représentations limitatives, éloignées de la réalité. En consacrant ce deuxième numéro à une présentation de travaux de recherche de linguistes, Langues et Cité souhaite aider à diffuser des analyses originales issues d'une observation proprement scientifique. Outre l'entretien accordé par Françoise Gadet. professeure à l'université Paris X, qui précise, en spécialiste du français parlé, l'image générale de la « langue des jeunes », ce numéro présente de courtes synthèses de travaux très récents réalisés par diverses équipes universitaires en partenariat avec l'Observatoire des pratiques linguistiques de la délégation générale à la langue française et aux langues de France. Il ne s'agit pas d'une description exhaustive des pratiques langagières des jeunes, mais de différents exemples d'une observation scientifique des pratiques réelles apportant des éléments d'information, d'analyse et de compréhension. Un certain nombre d'idées reçues tombent d'elles-mêmes. Ces pratiques, souvent prises comme le signe d'une absence de maîtrise de la langue commune, sont d'abord la manifestation d'un usage complémentaire de répertoires (intonationnels, phonologiques, lexicaux...) éphémères qui, en disparaissant avec l'âge, laisseront place aux différentes variétés de la langue commune des adultes, déjà perceptibles dans les emplois les plus « formels » de ces jeunes, dont les capacités cognitives en matière de langage ne diffèrent en rien du reste de la population. De fait, il n'y a aucune pertinence à parler de « la langue des jeunes » face à l'hétérogénéité et à la fluidité de ces pratiques, mais aussi face à l'impossibilité à définir « les jeunes » comme une communauté homogène. Les différentes enquêtes révèlent également la grande vitalité des pratiques langagières, qui prouve chez ces jeunes une capacité de créativité linguistique bien peu reconnue et encore moins valorisée. Ces pratiques spécifiques mais provisoires, par ailleurs fortement liées à un jeu social, ne sont jamais exclusives mais s'ajoutent toujours, et de façon éphémère, à l'usage des autres langues et d'abord de la langue commune. Ce n'est pas la moindre des informations que nous révèlent ces premières enquêtes, même si l'étonnante pluralité des pratiques ne simplifie pas la tâche de l'observation, qui demande à être poursuivie systématiquement. |
Les pratiques langagières des jeunes |