036 Livre
M.D. Berlitz
Grammaire Pratique I
LES VERBES, appris par la conversation
1913

page-107
LE PARTICIPE.

Il y a deux sortes de participes: le participe présent, terminé en ant (aimant, travaillant), et le participe passé, qui a différentes terminaisons, suivant la conjugaison à laquelle il appartient (parlé, fini, reçu, promis, dit, etc.)

I. PARTICIPE PRÉSENT.

Le participe présent français vient, dans la plupart des cas, du participe présent latin (aimant, de amant-em) ; dans quelques cas, surtout quand il est précédé de en, il correspond au gérondif latin (en aimant = in amando).

Malgré son origine latine le participe présent est toujours invariable*) en français. Ex.:
 
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*) Le participe présent français était autrefois toujours variable, comme le participe présent latin. C’est
 
«C’est un beau spectacle que de voir des enfants aimant leur mère, la caressant, lui obéissant avec empressement et prévenant ses moindres désirs.» Le participe présent marque une action passagère, une circonstance accidentelle.

Il faut se garder de le confondre avec l'adjectif verbal, terminé aussi par ant, et dérivé du verbe. Comme tous les adjectifs, l’adjectif verbal varie, en genre et en nombre, avec le nom qu’il qualifie; il exprime une chose habituelle, une situation dont la durée se prolonge, une action continue qui, par cela même, devient un état permanent. Ex.: «Le plus beau présent que le Ciel puisse faire à une mère, c’est de lui donner des enfants aimants, caressants, obéissants et prévenants.»

I. Le mot terminé en ant est participe présent:
1° Lorsqu’il est accompagné d’une négation.*)
Les rois ne pouvant tout voir par eux-mêmes, ont besoin de ministres sages.
— Je méprise ces folliculaires ne mordant que pour vivre. (VOLTAIRE.)
 
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* cont.)
le 6 juin 1679 que l'Académie sanctionna l'invariabilité du participe présent.
*) La préposition ne ne saurait évidemment modifier qu’un verbe.
 
2° Lorsqu’il a un régime direct.

Ces jeunes gens, faisant de bonnes lectures, s’instruisent rapidement... Cette réflexion, embarrassant notre homme, on ne dort point, dit-il, quand on a tant d’esprit. (LA FONTAINE.)
 
3° Lorsqu’il est précédé de la préposition en, exprimée ou sous-entendue.

Ces dames, en arrivant au théâtre, admirèrent d’abord la beauté de la salle. — Ils ont perdu, en voulant trop gagner. — Les abeilles s’en vont butinant de fleur en fleur.
 
REMARQUE a. — Le sujet du participe précédé de en doit, généralement, être le même que le sujet du verbe de la proposition principale. «Je le rencontrai en arrivant au théâtre = je le rencontrai lorsque j'arrivai au théâtre. — Je le rencontrai arrivant au théâtre = je le rencontrai quand il arriva au théâtre.» Cette règle n'est pas absolue, mais il faut l'observer toutes les fois que le sens de la phrase pourrait être équivoque.

REMARQUE b. — Souvent, pour donner plus de force au gérondif, on le fait précéder de tout, qui exprime alors une concession. Ex.: «Tout en parlant, il reconnut ses torts. — Tout en marchant, je lui donnai de bons conseils. — Tout en faisant des concessions, ils maintinrent leur dignité habituelle.» etc.
 
II. Le mot terminé en ant est adjectif verbal:

1° Quand il est attribut, et qu’il est précédé, ou qu’on peut le faire précéder des verbes être, devenir ou d’autres verbes qui expriment l’existence. Ex.: «Des esprits bas et rampants (= qui sont rampants) ne s’élèvent jamais au sublime. — On aime les enfants sages et obéissants (= qui sont obéissants). — Cette position devint embarrassante. — Les hommes médisants (= qui sont médisants) n’épargnent pas même leurs amis.»

2° Quand il est précédé d’un adverbe. Ex.: «Une personne bien pensante. — J’ai vu votre mère très souffrante. — Votre sœur inspire beaucoup d’intérêt; on la voit si souffrante et en même temps si prévenante et si touchante.» etc.

REMARQUE a. — Les adjectifs verbaux s’emploient souvent substantivement.*) Ex.: «Les mourants, les vivants, les allants et les venants. — Les morts et les vivants se succèdent continuellement.» etc.


*) Ayant et étant ne sont jamais adjectifs verbaux; cependant ayant s'emploie substantivement et prend conséquemment le signe du pluriel dans certains termes de loi, comme les ayants droit, les ayants cause.

Soi-disant est toujours invariable: De soi-disant marquis. — Une soi-disant princesse.
 
REMARQUE b. — La forme verbale en ant, accompagnée d'un régime indirect est, selon Vidée qu’on veut exprimer, tantôt participe présent, tantôt adjectif verbal. Ex.: «Voyez-vous la rosée dégouttant des feuilles = la rosée tombe goutte à goutte, c'est une action qui ne peut être exprimée que par un verbe. — Voyez-vous les feuilles dégouttantes de rosée = elles sont mouillées par la rosée, c'est l’état sous lequel elles s’offrent à la vue.»

REMARQUE c. — Quelques participes présents ont pour correspondants des adjectifs, dont l'orthographe est différente, et avec lesquels il faut bien prendre garde de les confondre. En voici la liste:

1° Extra vaguant, fatiguant et intriguant, changent uant en ant: extravagant, fatigant et intrigant.

2° Fabriquant et vaquant changent quant en cant: fabricant, vacant.

3° Adhérant, affluant, coïncidant, différant, équivalant, excédant, excellant, expédiant, changent ant en ent: adhérent, affluent, coïncident, différent, équivalent, excédent, excellent, expédient.
 
M.D. Berlitz
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