036 Livre
M.D. Berlitz
Grammaire Pratique I
LES VERBES, appris par la conversation
1913

page-98
LE SUBJONCTIF. EMPLOI
OBSERVATIONS GÉNÉRALES.
1° Quand la proposition subordonnée commençant par que précède la proposition principale, le verbe de la proposition subordonnée se met toujours au subjonctif. Ex.: «Que vous ayez tort ou raison, je resterai votre ami. — Que je sois condamné ou non, l’opinion publique sera contre moi. — Qu’il fasse beau demain ou qu’il pleuve, j’irai à la chasse.» etc.

2° Le subjonctif s’emploie rarement dans la proposition principale ; on le trouve dans les expressions je ne sache pas et que je sache.*)

------------------
*) Il n’y a dans toute la langue française que le verbe savoir qui se mette ainsi au subjonctif, avec une négation, sans qu’aucun autre mot le précède. Cette forme s’emploie surtout pour adoucir l’assertion. Ce qu’il y a de particulier, c’est que cette manière de parler n’a lieu qu’à la première personne,
Ex.: «Je ne sache pas qu’il danse mieux que moi. — Personne n’est arrivé, que je sache.

— Je ne sache rien de plus beau. —1 Il ne viendra pas, que je sache.» etc.

On le trouve également dans le cri des sentinelles: qui vive?*)

3° On emploie souvent le subjonctif dans les phrases elliptiques, avec la proposition principale sous-entendue, pour marquer un souhait. Ex.: «Que je sois foudroyé, si je mens ! = je souhaite que ... — Qu’il vienne, qu’il nous suive = je souhaite qu’il vienne, qu’il nous suive.» etc.

Quelquefois on sous-entend non seulement les verbes vouloir, souhaiter, ordonner, etc., mais même le que. Ex. : «Périsse celui qui parle ainsi! — Plaise à Dieu que je réussisse!

— Puissé-je de mes yeux y voir tomber la foudre! — Me préservent les cieux d’une nou-

------------------
* cont.) car on ne dit pas tu ne saches rien, il ne sache rien.

La forme que je sache ne s’emploie que sous forme de parenthèse; elle est empruntée au latin: quod sciam.

*) Cette expression n’est probablement pas un vrai subjonctif, mais simplement une locution empruntée à l’italien «chi vive». Qui vive s’emploie aussi substantivement: Être sur le qui-vive — être attentif à tout ce qui se passe.
velle guerre! — La paix soit avec vous! — Vive le roi! — Meure le traître! — Vous le voulez, soit! — Ainsi soit-il! Écrive que voudra.»*) etc.

REMARQUE. — On emploie aussi dans ce cas, l’imparfait du subjonctif (les verbes désirer, souhaiter, etc., au conditionnel, étant sous-entendus.) Ex. : «Plût à Dieu que le sacrifice de ma vie pût sauver la siennel! = je voudrais qu'il plût à Dieu, etc. — Dût le ciel égaler le supplice à l'offense! — Plût aux Dieux qu’elle fût innocente!» etc.
*) Cette double ellipse du verbe et de la conjonction que est assez rare; dans ce cas, on place presque toujours le sujet après le verbe.
 
M.D. Berlitz
Grammaire Pratique I