036 Livre
M.D. Berlitz
Grammaire Pratique I
LES VERBES, appris par la conversation
1913

page-98
LE SUBJONCTIF. EMPLOI
IIIÈME PARTIE.
Le subjonctif dans les propositions relatives.

1° Dans les propositions relatives quand on parle de quelque chose d’incertain, il faut employer le subjonctif; mais, quand on parle de quelque chose de positif, c'est l’indicatif qui est exigé. Ex.: «Je cherche un professeur qui puisse m'apprendre le français en six mois» (= je ne sais pas s'il existe un tel professeur; il est possible qu’il en existe un, mais il est possible aussi qu’il n'en existe pas). — «Je cherche un professeur qui peut m'apprendre le français en six mois» (= je sais que ce professeur existe, je le connais et je le cherche; il n’y a pas de doute sur son existence). — «J'irai habiter cet été une campagne qui me
soit agréable» (= je ne sais pas où est cette campagne, j'ignore même si je trouverai une campagne). — «J'irai habiter cet été une campagne qui m'est agréable» (= je connais déjà cette campagne, je sais qu’elle est agréable, je n'ai aucun doute). — «Vous désirez une place où vous n'ayez rien à faire» (= vous ne connaissez pas encore la place que vous désirez, vous ne savez pas si elle existe). — «Vous désirez une place où vous n'aurez rien à faire» (= vous connaissez cette place, vous savez que vous n'y aurez rien à faire).

2° Lorsque la proposition relative dépend d'une expression négative ou restrictive ou interrogative équivalant à une négation, on emploie le subjonctif. Exemples :

LA NÉGATION: «Il n'y a pas d'homme qui le connaisse aussi bien que vous. — Je n'ai rien fait qui soit contraire aux lois. — Ils ne connaissent personne qui puisse en faire autant.» etc.

LA RESTRICTION: «Il y a peu de rois qui sachent chercher la véritable gloire. — Il n'y a guère d'hommes qui veuillent le suivre.» etc.

L’INTERROGATION ÉQUIVALANT X LA NÉGATION: «Y a-t-il un ennemi qui ne soit en état de nuire. — Y a-t-il un homme qui puisse dire qu'il est toujours heureux.» etc.
3° On met au subjonctif le verbe de la proposition relative quand elle dépend d’un superlatif ou d’autres expressions analogues (telles que: le seul, l’unique, le premier, le dernier, etc.). Ex.: «La plus haute maison que vous ayez vue à Berlin est celle de M. X. — C’est la plus belle campagne où l’on puisse passer l’été. — Mon voisin est le meilleur homme que je connaisse. — Une prompte fuite est le seul espoir qui leur soit resté. — Voici l’unique route qui conduise au village que vous cherchez. — C’est une des premières épîtres que Saint Paul ait écrites. — Cette visite est la dernière chose que vous leur deviez.» etc.

REMARQUE a. — Cependant on emploie l’indicatif après un superlatif ou d’autres mots analogues, quand on parle d'une chose évidente — dont personne ne peut douter — qui a été vue ou comptée. Ex.: «Son nom est la seule chose qu’il m'a dite. — Washington est le premier président que les États-Unis ont eu. — Les Français furent les seuls qui réussirent dans ce genre d'éloquence (VOLTAIRE). — Voilà, sans doute, la moindre de vos qualités; mais, madame, c'est la seule dont j’ai pu parler avec quelque connaissance (RACINE).»

REMARQUE b. — Il va sans dire que quand la proposition relative ne dépend pas du superlatif mais d'un autre membre de la phrase, on emploie l'indicatif. Ex.: «Le soleil est le plus grand des corps que l’on aperçoit dans le ciel.» Le relatif
que, ne se rapporte pas au superlatif le plus grand, mais au régime des corps qui le suit. De même dans cette phrase de Le Sage: «Une des premières personnes que je rencontrai dans les rues de Grenade fut le seigneur don Fernand.» Le relatif que se rapporte, au mot personnes et non pas à premières.
 
M.D. Berlitz
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