036 Livre
M.D. Berlitz
Grammaire Pratique I
LES VERBES, appris par la conversation
1913

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CONDITIONNEL.

I. Quand on se sert de la conjonction si pour exprimer une hypothèse suggérant l’idée de doute ou de non-existence, on emploie l'imparfait de l’indicatif dans la proposition qui marque la condition, et le conditionnel dans celle qui marque la conséquence:

 
CONDITION : CONSÉQUENCE :
S'il avait de l’argent il paierait ses dettes.
Si vous étiez en France vous vous porteriez mieux.
Si je travaillais je gagnerais de l'argent.
S’il était venu je l'aurais vu.
Si nous avions fait le voyage nous aurions vu le pays.
 
REMARQUE
a. — Quand l’hypothèse suggère l’idée de possibilité ou de réalité, il faut
exprimer la condition par le présent ou le passé indéfini, et la conséquence par le présent, le passé indéfini ou le futur:

S’il a de l’argent, il paie ses dettes.

Si vous êtes en France, vous vous portez mieux.

S’il a travaillé, il a gagné de l’argent.

S’il vient, il ira certainement chez vous.

Si nous faisons le voyage, nous verrons le pays.

REMARQUE
b. — Les étrangers doivent faire bien attention à ne pas employer le conditionnel ou le futur après si exprimant une condition.*)

II. On emploie le conditionnel après quand, quand même (exprimant une concession) : Quand il le ferait, cela me serait bien égal. Quand même vous me haïriez, je ne m’en plaindrais pas.

REMARQUE. — Quand même est fréquemment sous entendu; dans ce cas, la deuxième proposition commence par que:

*) Il est bien entendu qu’on peut employer n'importe quel temps après si n'exprimant pas une condition, — (en anglais whether, en allemand ob) — ce qui a lieu surtout après les verbes savoir, dire, demander, informer, etc.:

Je ne sais s'il viendra. Je ne vous ai pas dit s’il viendrait ou non. — Écrivez-moi si vous pourrez faire le voyage avec moi. — Demandez à mon frère s'il ira à la chasse demain.
 
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«Il partirait sans moi, que cela me serait bien égal. — L’affaire serait manquée, que je resterais toujours votre ami.»

III. Dans certaines phrases elliptiques, où la condition est sous-entendue :

a) pour marquer un désir:

Je voudrais étudier le français. — aimerais à vous voir lire les bons auteurs. — Je serais content d’obtenir votre approbation.

b) dans une exclamation, pour indiquer la surprise :

Comment, vous feriez cela! — Vous n’auriez pas honte d’abandonner votre ami!

c) pour remplacer la forme un peu dure de l’impératif par une tournure plus polie:

Auriez-vous l’obligeance de me dire où demeure M. X.? — Pourriez-vous me conduire au Parc Monceau?

REMARQUE. — On remplace quelquefois le conditionnel par l’imparfait pour mettre la certitude du résultat plus en évidence.

S’il avait tiré, pétais mort = j’aurais été mort. — Si nous avions eu de la cavalerie, la bataille était gagnée = aurait été gagnée.
 
M.D. Berlitz
Grammaire Pratique I