020 Livre Louis Bertrand Gaspard de la nuit |
Livre II — Le Vieux Paris |
III LE FALOT Le Masque. — Il fait noir ; prête-moi ta lanterne. Mercurio. — Bah ! les chats ont pour lanterne leurs deux yeux. Une nuit de carnaval. Ah ! pourquoi me suis-je, ce soir, avisé qu’il y avait place à me blottir contre l’orage, moi petit follet de gouttière, dans le falot de Mme de Gourgouran ! Je riais d’entendre un esprit que trempait l’averse bourdonner autour de la maison lumineuse, sans pouvoir trouver la porte par laquelle j’étais entré. Vainement me suppliait-il, enroué et morfondu, de lui permettre au moins de rallumer son rat de cave à ma bougie pour chercher sa route. Soudain le jaune papier de la lanterne s’enflamma, crevé d’un coup de vent dont gémirent dans la rue des enseignes pendantes comme des bannières. — « Jésus ! miséricorde ! s’écria la béguine, se signant des cinq doigts. — Le diable te tenaille, sorcière, m’écriai-je, crachant plus de feu qu’un serpenteau d’artifice. » Hélas ! moi qui, ce matin encore, rivalisais de grâces et de parure avec le chardonneret à oreillettes de drap écarlate du damoisel de Luynes ! |
Louis Bertrand Gaspard de la nuit |